La boulimie

La boulimie 1024 683 Malika Miquel

Qu’est-ce que la boulimie?

La boulimie fait partie des Troubles du Comportement Alimentaire (TCA), avec l’anorexie et l’hyperphagie. Ces troubles sont importants et durables, ils entraînent des répercussions psychologiques et physiques importantes. Les TCA sont la deuxième cause de mortalité chez les jeunes, derrière les accidents de la route. Il est primordial d’améliorer le repérage et la prise en charge de ces troubles, car actuellement plus de la moitié des personnes concernées ne sont pas suivies.

Définition de la boulimie

La boulimie se caractérise par la survenue de compulsions alimentaires (« crises »), avec une ingestion impulsive de grandes quantités de nourriture, sur un temps assez court. Cette ingestion est associée à une impression de perte de contrôle : la personne ressent un besoin impérieux de manger, sans pouvoir résister par la seule force de la volonté.

Par la suite, elle met en œuvre des « comportements compensatoires », qui visent à éviter une prise de poids. Ces comportements peuvent être des vomissements provoqués, un jeûne entre les crises, de l’exercice physique excessif, ou encore une utilisation de laxatifs ou de diurétiques. Les personnes atteintes de boulimie gardent ainsi la plupart du temps un poids « normal ».

Focus sur « la crise de boulimie »

Les crises de boulimie sont souvent déclenchées par des situations de stress émotionnel. Elles sont une sorte d’exutoire, qui permet à la personne d’être « dans sa bulle », de ne plus penser à ce qui la gêne. Ainsi, la personne qui fait une crise de boulimie ne mange pas par faim, mais par besoin de calmer un malaise en elle.

Cependant, la restriction alimentaire peut favoriser la survenue de crises de boulimie : en effet, ne pas manger à sa faim ou se priver d’une alimentation variée peut avoir pour conséquence des compulsions alimentaires. La boulimie anorexie, ou anorexie boulimie consiste d’ailleurs à alterner entre des restrictions alimentaires importantes et des crises de boulimie.

Les crises de boulimie sont parfois planifiées à l’avance, mais le plus souvent elles surviennent de façon inopinée, et s’imposent comme un besoin impérieux à assouvir. Elles sont en général exécutées en « cachette », lorsque la personne est seule : celle-ci mange alors jusqu’à en ressentir une gêne physique, qui marquera l’arrêt de la prise alimentaire. Cette frénésie alimentaire peut se produire plusieurs fois dans une même journée.

Age d’apparition et prévalence de la boulimie

Le pic de fréquence d’apparition de la boulimie se situe vers l’âge de 19-20 ans. Elle toucherait environ 1,5% des jeunes ; majoritairement des jeunes filles (3 jeunes femmes pour 1 jeune homme). Cependant, la fréquence de la boulimie est probablement sous-estimée, car les personnes qui en souffrent consultent peu, notamment les hommes.

En effet, la honte et la culpabilité sont fortement ressenties, et empêchent souvent les personnes concernées d’en parler. Cependant, lorsque les symptômes deviennent importants et impactent fortement le quotidien, elles consentent à demander de l’aide.

Le degré de sévérité de la boulimie est très variable : il dépend à la fois de la fréquence et de l’intensité des symptômes, et de leurs causes sous-jacentes. Quoi qu’il en soit, ce trouble se met en place de façon insidieuse, les crises peuvent être rares au départ, puis s’intensifier car elles apparaissent comme une « réponse » à des difficultés qui ne se résolvent pas d’elles-mêmes.

Les causes de la boulimie

La boulimie est un symptôme, ce qui signifie qu’elle survient en réponse à « autre chose » : elle tend ainsi à compenser un mal-être. Il y a en réalité plusieurs causes, imbriquées les unes avec les autres.

Les causes de la boulimie sont donc multifactorielles, pouvant relever à la fois de facteurs génétiques, psychologiques, environnementaux, familiaux et socioculturels. Voici toutefois un petit aperçu des facteurs pouvant influencer la survenue d’un trouble alimentaire :

  • Des facteurs de « vulnérabilité psychologique », d’origines multiples, tels que : des troubles dépressifs ou troubles bipolaires, des troubles de la personnalité, des troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, des troubles du spectre autistique, une faible estime de soi, un perfectionnisme, des difficultés à réguler ses émotions ; etc.
  • Des facteurs « environnementaux », notamment familiaux et sociaux, tels que : rôle social et / ou familial de l’alimentation et de l’image de soi ; culte de la performance ; culte de la minceur ; etc.
  • Des facteurs « déclenchant et /ou entretenant », tels que : mise en place d’un régime alimentaire restrictif ; évènements de vie provoquant un stress important (changements, séparation, maltraitance, deuil, abus sexuel, etc.) ; etc.

Chaque personne souffrant de boulimie a une personnalité et une histoire qui lui est propre : c’est pourquoi il est important de consulter un professionnel de santé, afin de faire un point personnalisé.

Les conséquences de la boulimie

La boulimie a des conséquences importantes sur le plan somatique et psychique, et peut engendrer des complications parfois mortelles.

  • Conséquences et risques physiques liées aux vomissements : érosion de l’émail des dents, rétractation des gencives et inflammation de l’œsophage à cause de l’acide gastrique ; diminution du taux de potassium dans le sang, ce qui peut provoquer des troubles du rythme cardiaque voire un arrêt du cœur ; hypertrophie des glandes parotides (gonflement et douleur au niveau des glandes salivaires), cicatrices au niveau de l’articulation des doigts (du fait de mettre les doigts dans la bouche pour provoquer des vomissements) ; etc.
  • Conséquences et risques physiques généraux :  troubles digestifs (crampes abdominales, ballonnements, constipation, diarrhée, majoré par l’utilisation de laxatifs) ; large fluctuation du poids ; affaiblissement ; risque de carences ; risque d’ostéoporose ; risque de rupture œsophagienne ou gastrique (rare) ; etc.
  • Conséquences psychologiques : honte, remords, culpabilité ; entretien et renforcement d’une faible estime de soi ; repli sur soi, isolement ; retentissement individuel, social et familial ; agressivité liée à la situation d’addiction (la boulimie est une forme d’addiction) ; risque de suicide ; association avec des troubles psychiques de type dépression, troubles anxieux, troubles de la personnalité; etc.

La prise en charge de la boulimie

L’accompagnement nécessité une prise en charge pluridisciplinaire afin d’intervenir à différents niveaux : médical, psychologique et social. Plus la prise en charge est précoce, meilleur sera le pronostic car cela permet d’éviter la chronicisation.

L’accompagnement médical de la boulimie

Au niveau médical, il s’agit de prendre en charge la composante physique, somatique et psychique, en faisant différents examens. Le médecin généraliste pourra ainsi orienter au besoin vers un médecin endocrinologue, psychiatre, nutritionniste, etc. Cela permet de vérifier par exemple s’il existe des troubles psychiques qui auraient favorisé l’installation de la boulimie ; mais également de faire un bilan somatique complet et de repérer si les crises de boulimie ont impacté le corps et de quelle façon. Il est impératif de consulter un psychiatre, afin d’établir un diagnostic de boulimie, et de repérer s’il préexiste des troubles psychiques associés.

Au niveau nutritionnel, l’approche d’un diététicien peut être intéressante, car les symptômes de la boulimie peuvent faire oublier le rapport « normal » à l’alimentation. Il peut dès lors être rassurant de proposer des repères alimentaires à la personne accompagnée et de répondre à toutes ses interrogations, sur l’alimentation et le poids notamment.

L’accompagnement psychologique de la boulimie

En parallèle il est important d’effectuer un travail de thérapie, auprès d’un psychologue ou thérapeute, afin de mieux se connaître et se comprendre. En effet, la boulimie n’est qu’un symptôme, auquel la personne a eu recours afin de compenser autre chose. Tout l’enjeu du travail thérapeutique sera de comprendre quoi, et d’apprendre à trouver des stratégies pour se sentir mieux au quotidien.

Bien souvent, plusieurs professionnels seront nécessaires et complémentaires pour que la personne puisse avancer, et trouver son propre chemin, avec ses propres clés. Dans la plupart des cas, les personnes souffrant de boulimie ont besoin d’effectuer un travail de restauration de l’estime de soi et de l’amour de soi (dont l’altération est à la fois une cause et une conséquence de ce trouble alimentaire). Un travail sur la perception, le vécu et la régulation émotionnelle est également intéressant.

L’accompagnement social de la boulimie

Un accompagnement social peut être intéressant à plusieurs niveaux. En effet, les troubles alimentaires entraînent un repli sur soi et un isolement, et conduisent parfois à des ruptures de parcours scolaire ou professionnel. Dans ce cas, certains travailleurs sociaux tels que des éducateurs spécialisés ou assistants de service social peuvent intervenir.

Par ailleurs, la personne souffrant de boulimie a bien souvent des difficultés dans son rapport à soi, ce qui impacte son rapport aux autres : certaines techniques de développement personnel à visée psycho-sociale peuvent par exemple lui permettre de s’affirmer sereinement face aux autres.

Enfin, la boulimie est une forme d’addiction et prend une place conséquente dans la vie de la personne qui en souffre. Ainsi, une vie sans crises de boulimie alors que rien n’a préalablement été mis en place peut paraître totalement vide, et engendrer un stress ou une mélancolie importante. Le risque étant que les crises de boulimie s’invitent à nouveau, afin de remplir le vide laissé et apaiser l’anxiété dans laquelle cela laisse la personne. C’est pourquoi il est important de s’interroger et de développer ses centres d’intérêt et son réseau social, parallèlement à une prise en soin.

Il existe des centres de soin post cure dans le cadre des addictions (alcoolisme, toxicomanie), mais c’est plus rare qu’ils soient spécialisés dans les Troubles du Comportement Alimentaire : ces centres permettent aux résidents d’apprendre à consolider l’expérimentation d’une « vie sans l’objet de la dépendance », dans un cadre sécurisant, et de se projeter vers tout le reste de la vie. De la même façon, un accompagnement psychosocial en libéral peut s’avérer précieux pour travailler ces questions.

Vous pouvez cliquer ici pour en savoir plus sur L’approche socio éducative dans les Troubles du Comportement Alimentaire.

En tant qu’éducatrice spécialisée, je propose un accompagnement psychosocial / socioéducatif ; si cela vous intéresse je vous invite à parcourir mon site.

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